L’or des Yanomami : Quand le PCC blanchit l’or illégal au Brésil

Captures écran de comptes Tik-Tok de membres du PCC se filmant en plein territoire Yanomami. On les aperçoit sur des pirogues puissantes de 75CV, armés et cagoulés pour certains.

Depuis plusieurs années, le peuple Yanomami, l'un des plus grands groupes indigènes d'Amazonie brésilienne, subit les conséquences dramatiques de l'orpaillage illégal sur ses terres. Cette activité, qui défigure la forêt amazonienne, empoisonne les rivières au mercure et expose les communautés à des maladies et à la violence, est désormais infiltrée par des réseaux criminels organisés, notamment le Premier Commandement de la Capitale (PCC). En anglais, on les surnomme les “narco-minners”.


Le PCC : un acteur majeur de l’orpaillage illégal

Le PCC, principal cartel criminel du Brésil, a étendu ses activités à l’orpaillage illégal dans le territoire Yanomami depuis 2018. Selon des enquêtes de la police fédérale, le groupe fournit des équipements lourds, assure la sécurité des sites miniers et organise le transport de l’or extrait vers des centres urbains tels que Manaus et Itaituba. Des enregistrements audio attribués à des membres du PCC révèlent leur implication directe dans la gestion des camps miniers et la coordination des activités illicites.

Le PCC utilise également l’orpaillage comme un moyen de blanchiment d’argent. En raison de la réglementation laxiste du marché de l’or au Brésil, les criminels peuvent facilement intégrer de l’or illégal dans le circuit légal. Ils se servent de fausses factures, déclarant que l’or provient de mines légales situées dans d’autres États, pour le vendre à des entreprises autorisées, telles que des bijoutiers ou des distributeurs de valeurs mobilières. Une fois "blanchi", l’or peut être exporté vers des pays comme les États-Unis, la Suisse ou les Émirats arabes unis.


Le processus de blanchiment : de l’extraction à l’exportation

Le processus de blanchiment de l’or illégal suit plusieurs étapes :

  1. Extraction illégale : L’or est extrait illégalement des terres Yanomami, souvent à l’aide de mercure, une substance hautement toxique.

  2. Collecte et transport : L’or est collecté par des intermédiaires, souvent des mineurs locaux, puis transporté vers des centres urbains tels que Boa Vista ou Manaus.​

  3. Falsification des documents : Les intermédiaires remplissent de fausses factures indiquant que l’or provient de mines légales situées dans d’autres états, comme le Pará ou l’Amazonas.

  4. Vente à des entreprises autorisées : L’or est vendu à des bijoutiers ou à des distributeurs de valeurs mobilières, qui, en raison de la présomption de bonne foi, ne vérifient pas l’origine réelle de l’or.

  5. Blanchiment et exportation : Une fois intégré dans le circuit légal, l’or peut être exporté vers des marchés internationaux, souvent sans que sa provenance illégale ne soit détectée.

Ce système (peu) complexe permet aux réseaux criminels de générer des profits substantiels tout en contournant les lois brésiliennes sur l’exploitation minière et la protection des terres indigènes.

Les conséquences pour les Yanomami et l’environnement

L’orpaillage illégal a des conséquences dévastatrices pour les Yanomami :

  • Santé publique : Les rivières empoisonnées au mercure rendent l'eau impropre à la consommation, entraînant des maladies telles que la malaria, la tuberculose et des infections cutanées.

  • Violence et intimidation : Les groupes criminels, dont le PCC, exercent une pression sur les communautés locales, les forçant parfois à travailler dans les mines ou à se soumettre à leur autorité.

  • Destruction de l’environnement : La déforestation massive et la pollution des cours d’eau détruisent les habitats naturels et compromettent les modes de vie traditionnels des Yanomami.

Réponses gouvernementales et défis persistants

Le gouvernement brésilien a déclaré une urgence sanitaire pour la population Yanomami et a intensifié les opérations de sécurité pour expulser les orpailleurs illégaux. Des actions telles que la destruction de camps miniers et la saisie de matériel ont été entreprises. Cependant, ces efforts sont souvent temporaires, car les groupes criminels, dont le PCC, adaptent rapidement leurs stratégies pour échapper à la surveillance.
Chez Green Ghost nous soulignons la nécessité de renforcer la traçabilité de l’or au Brésil, en imposant des contrôles plus stricts sur les transactions et en exigeant des preuves d’origine pour chaque lot d’or commercialisé. Sans ces mesures, l’orpaillage illégal restera une source de financement pour les réseaux criminels et continuera de détruire les terres des Yanomami.

Douilles et cartouches utilisées par les membres du PCC pour protéger les camps d’orpaillage illégal.


La situation des Yanomami est un exemple tragique de la manière dont l’exploitation illégale des ressources naturelles peut être exploitée par des réseaux criminels pour générer des profits tout en causant des souffrances humaines et environnementales.

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Guyane : démantèlement du plus important réseau logistique d’orpaillage illégal