Le CESAN appelle à une réponse européenne coordonnée face aux réseaux criminels
Bruxelles, 26 mars 2025 — Le Commandement pour l’environnement et la santé (CESAN) de la Gendarmerie nationale française a pris part à un événement stratégique organisé au Parlement européen, consacré à la lutte contre la criminalité environnementale. Cette réunion de haut niveau, à l’initiative de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), avec le soutien de la Guardia Civil espagnole, du WWF et de TRAFFIC, marque une étape majeure dans la reconnaissance politique de ces crimes en tant que menaces majeures pour la sécurité collective et la stabilité économique de l’UE.
Un enjeu criminel transfrontalier majeur
Les atteintes à l’environnement (trafics de déchets, exploitation illégale des ressources, commerce illégal d’espèces sauvages, pollution industrielle) sont aujourd’hui largement infiltrées par des groupes criminels organisés. Ces derniers utilisent les mêmes réseaux logistiques que ceux du trafic de stupéfiants ou d’armes, exploitant les failles réglementaires et les écarts de gouvernance environnementale au sein de l’Union et au-delà.
Selon Interpol, la criminalité environnementale génère entre 110 et 280 milliards de dollars par an. Elle est désormais considérée comme l’un des secteurs criminels les plus lucratifs au monde, au même titre que la drogue ou la contrefaçon.
Une réponse opérationnelle multisectorielle
Le général de division Fabrice Bouillié, commandant du CESAN, a souligné la nécessité de dépasser une approche strictement répressive. Il a plaidé pour une stratégie européenne intégrée combinant renseignement criminel, coopération policière, technologies de détection (drones, satellites, bases de données croisées), et prévention des atteintes environnementales.
Parmi les propositions évoquées :
renforcer les cellules de renseignement environnemental au sein des polices et gendarmeries,
établir des passerelles systématiques entre enquêtes environnementales et enquêtes sur le crime organisé,
harmoniser les législations européennes pour faciliter les poursuites judiciaires transfrontalières,
mobiliser Europol et Eurojust dans les enquêtes environnementales complexes.
Vers une doctrine commune européenne ?
L’UE a été appelée à faire de la criminalité environnementale une priorité stratégique au même titre que le terrorisme ou le blanchiment, et à inscrire ce combat dans sa future stratégie de sécurité intérieure.
Les discussions ont montré un consensus : sans coordination politique, les réponses nationales resteront insuffisantes. La création d’une task force européenne conjointe dédiée aux crimes environnementaux, combinant experts juridiques, forces de sécurité, ONG et douanes, a été évoquée comme piste concrète.
Le rôle pivot des ONG et du secteur privé
TRAFFIC et WWF ont souligné l’importance des partenariats public-privé dans la détection et la dénonciation des atteintes environnementales. Les grandes entreprises, notamment dans les secteurs du transport, de la chimie et de la logistique, peuvent jouer un rôle clé dans la traçabilité des produits et la remontée d’alerte.